Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 35 ans et je suis chargée
d'enseignement au département de chinois de l'université Bordeaux Montaigne et
doctorante en études chinoises à l'EPHE-PSL.
Comment as-tu connu l’AJCF et qu’est ce qui t’a donné
envie d’en faire partie ?
J'ai connu l'AJCF fin 2018, lors de mon
retour d'un séjour de 3 ans en Chine. L'idée de départ était de mieux connaître
la Chinois de France de la deuxième génération et de m'impliquer dans des
projets en rapport avec la culture chinoise.
Comment es-tu devenue présidente de cette
association ?
Dès mon intégration à l'AJCF, j'ai
beaucoup travaillé avec Daniel Tran qui était alors président et qui m'a
impliquée dans beaucoup de projets en rapport à l'association. A la fin de son
mandat, il m'a proposé de reprendre la main. J'y ai vu là une belle occasion de
poursuivre mon parcours à l'association et d'essayer "d'apporter ma
pierre".
L’AJCF est de plus en plus active et ces
derniers temps elle est devenue de plus en plus médiatisée, pourquoi
d’après-toi ?
C'est très lié à la pandémie, qui a
exacerbé un racisme anti-asiatique qui n'était pas visible pour beaucoup
jusqu'à présent. Sous prétexte que la Chine soit prétendument responsable de
cette situation, certaines personnes prennent l'ensemble de la communauté
chinoise, et asiatique plus généralement, comme bouc émissaire.
Le racisme anti-asiatique est un phénomène
international qui s’est accentué avec le covid mais il a toujours existé
n’est-ce pas ?
Oui, tout à fait. C'est un racisme moins
visible par rapport à d'autres, car plus banalisé et moins dénoncé (au tout
départ) par les Asiatiques eux-mêmes. Les choses ont évolué depuis, mais il
reste beaucoup à faire, d'autant plus que la pandémie a exacerbé des sentiments
de haine à l'égard des personnes d'origine asiatique. Énormément de fake news
circulent, beaucoup d'amalgames sont faits, ce qui a pour conséquence que les
Asiatiques se sentent sous tension depuis plus d'un an maintenant.
Comment concilier la lutte contre le racisme
anti-asiatique et la non stigmatisation des autres communautés françaises selon
toi ? En effet j’ai remarqué que certains sinophiles étaient racistes envers
ces autres communautés, comment agit l’AJCF pour calmer les tensions qui
peuvent exister entre Français ?
Nous ne cherchons pas à nous mettre en
avant par rapport à d'autres. Au contraire, nous souhaitons une égalité de
traitement (que le racisme anti-asiatique soit considéré comme n'importe quelle
autre forme de racisme). Et même si nous cherchons à mettre en lumière le
racisme anti-asiatique, nous dénonçons le racisme de manière générale. C'est
pourquoi nous sommes partenaires avec de grandes associations de lutte contre
le racisme, telles que SOS racisme, la Licra, le Mrap, par exemple. Enfin,
notre position est très claire : nous refusons toute sorte de récupération de
la part de militants d'extrême droite ou autres représentants de mouvements extrémistes
dont les actions contribuent à la division de la société. Nous travaillons à
une meilleure intégration de la communauté asiatique en France, qui ne pourra
que favoriser l'entente entre les différentes communautés présentes dans ce
pays.
Que souhaites-tu pour l’avenir ?
D'un point de vue personnel, je souhaite que
l'AJCF continue à se développer, en renforçant ses liens avec les pouvoirs
publics et les partenaires associatifs, ainsi qu'en améliorant sa visibilité au
sein de la société française.
Je souhaite également que l'AJCF, forte de son
profil biculturel, se développe davantage dans son rôle de pont entre la Chine
et la France, qui sont deux pays liés historiquement et qui ont tout intérêt à
collaborer du mieux que possible.